Nos grandes Européennes
Helle Thorning-Schmidt

Helle Thorning-Schmidt livre ses recettes pour l’Europe

Ancienne Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt a déroulé sa liste de priorités pour l’Europe.

Après avoir participé au processus décisionnel pendant plus de 20 ans, la Danoise a dit vouloir délivrer des messages sur la manière de redynamiser l’Europe au cours des prochaines années. Helle Thorning-Schmidt a commencé en tant que syndicaliste et députée européenne (à partir de 1999) dans le cadre de la Convention qui a conduit au Traité de Lisbonne de 2007. Elle est aujourd’hui PDG de Save the Children International.

Dans la répartition des postes de direction, une femme sociale-démocrate, ayant l’expérience des sommets européens, est considérée comme un contraste nécessaire avec la domination masculine du PPE.

Interrogée sur sa candidature au poste de Jean-Claude Juncker l’année prochaine, elle a déclaré : « Je ne pense pas que vous obtiendrez une réponse de ma part. Je ferai toujours ce que je peux pour l’Union européenne, comme je le dis, pour moi, ce n’est pas une question technocratique, intellectuelle, c’est le sentiment profond que nous devons être ensemble, nous devons travailler ensemble, et si nous ne le faisons pas, nous serons soumis à la forme la plus dure et la plus brutale de la mondialisation, alors j’essaierai toujours de faire ma part pour l’Europe ».

Helle Thorning-Schmidt a rappelé au public qu’elle avait participé à plus de 30 sommets européens, à un moment où, selon elle, aucun dirigeant européen ne savait si la Grèce allait se retrouver en défaut de paiement du jour au lendemain et si l’euro survivrait. 

« Tout le monde a un plan jusqu’au premier coup de poing dans la gueule », a-t-elle déclaré en citant le célèbre boxeur Mike Tyson. Pour elle, l’Europe s’est pris des coups à répétition ces dernières années, mais son incapacité à prendre des décisions a vite été compensée par des décisions durables et bien ancrées démocratiquement.

La faiblesse de l’Europe est selon elle que le continent a eu trop longtemps besoin d’un protecteur, les États-Unis.

« C’est évident, l’Europe doit s’imposer », a-t-elle déclaré, expliquant que l’UE devrait être beaucoup plus engagée dans des questions telles que le conflit au Moyen-Orient, le changement climatique, l’accord nucléaire iranien, ainsi que sur la règlementation de la société de l’information, des plateformes telles que Facebook, mais aussi sur l’intelligence artificielle. « Personne ne prendra les rênes si l’UE ne s’en empare pas. »

Selon elle, la plus grande menace pour l’UE est la gouvernance de la zone euro, un pays comme l’Italie représentant une menace beaucoup plus grande que la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Bien que le Danemark ne fasse pas partie de la zone euro, elle a déclaré que la première chose que l’UE devrait faire était de trouver un moyen de gouverner l’euro.

La deuxième chose sur la « to do list » de l’UE est de surveiller ses frontières. Conformément à ses engagements internationaux, l’UE doit indiquer clairement que « si vous n’obtenez pas vos droits d’asile en Europe, il doit y avoir une politique de retour ».

Tout en sachant que ce qu’elle allait dire serait controversé, Helle Thorning-Schmidt a déclaré que la libre circulation des travailleurs à l’intérieur de l’UE avait également besoin d’une réorganisation.

« Nous devons écouter très attentivement ce que les gens disent lorsqu’on leur demande », a-t-elle dit, faisant référence à l’ancien Premier ministre britannique, David Cameron, qui, avant de convoquer le référendum sur le Brexit, a réclamé à l’UE des changements dans la manière dont l’Union traite la libre circulation de la main-d’œuvre.

« Je suis toujours d’accord pour la libre circulation des travailleurs, bien sûr. Mais cela ne veut pas dire que les États membres ne peuvent pas avoir certaines garanties contre des choses qui semblent manifestement déraisonnables », a-t-elle précisé.

Helle Thorning-Schmidt défend « une certaine sauvegarde de nos États-providence » et « un peu plus de contrôle de la libre circulation de la main-d’œuvre ». « Si nous n’avons pas ça, et si nous n’avons pas cette discussion, nous ne regagnerons pas la confiance des citoyens. »

Pourtant, sans l’UE, les pays européens seraient devenus la proie d’une mondialisation brutale, sans règlementation, sans contrôle de l’économie de marché.

« L’UE est encore la meilleure protectrice du peuple et je pense encore que l’Union européenne montre que l’on peut avoir une économie de marché avec un visage humain. C’est la seule région du monde qui essaye réellement d’avoir un modèle social », a-t-elle conclu.