Nos regards sur l'Europe
Le point de vue de Véronique Auger

Le point de vue de Véronique Auger


Chers amis,

En ces temps où l’on ne sait plus qui croire et que croire à propos de la pandémie, j’ai eu la chance de pouvoir discuter longuement avec le Professeur Grigorios Gerotziafas, Professeur associé de médecine à La Sorbonne, directeur de recherche à l’INSERM et hématologue à l’hôpital Tenon qui vient de publier une tribune dans Le Monde.

Il me semble évident que je dois partager son propos avec vous car il permet d’y voir plus clair sur la situation dans laquelle nous sommes et sur l’avenir.

Grigorios Gerotziafas confirme d’abord que jamais les scientifiques n’ont été aussi rapides dans leurs avancées. Nous avons eu des tests fiables en six mois, les recherches en matière de médicaments sont déjà en phase 3 et 5 vaccins sont annoncés dont certains fiables à plus de 90%.

La compréhension des mécanismes de la maladie progresse à une vitesse que la communauté scientifique internationale n’a jamais connue !

Ainsi, il est désormais démontré que l’âge n’est pas le facteur le plus aggravant. Les patients les plus fragiles sont ceux déjà atteints par l’obésité, le diabète, l’hypertension et les maladies cardio-vasculaires. Ceux sont eux que l’on retrouve dans les salles de réanimation. Aujourd’hui 30% de ces personnes en réanimation mourront même s’ils sont soignés dans les meilleurs hôpitaux de la planète. C’est deux fois moins qu’au début de la pandémie.

Même s’il reconnait qu’au début de la crise sanitaire le confinement était la bonne solution, il considère que désormais la stratégie thérapeutique la plus efficace passe par un repérage systématique des patients en « risque aggravé » et ce, dès la première semaine de contamination par le Covid.

Les médecins généralistes constituent donc le cœur de la lutte anti-Covid.

C’est ici que son optimisme (et le mien) trouve ses limites. Depuis des années la plupart des gouvernements européens de tout bord politique ont voulu réduire les dépenses de santé. Les dispensaires ont disparu dans les années 90 laissant de côté les populations les moins riches qui sont aujourd’hui les plus atteintes par le Covid. En France s’ajoute encore un autre facteur : le numerus clausus. Les généralistes (quand il y en a) sont déjà débordés en temps ordinaire. Alors, auront-ils le temps de s’informer sur les derniers protocoles de soin, de faire de la prévention ? On en doute.

Grigorios Gerotziafas conclut : « Même le secteur privé comprend maintenant qu’investir dans les soins primaires peut être rentable. Il faut changer de cap ! »

Espérons qu’il sera entendu.

Véronique Auger
Présidente Citoyennes pour l’Europe